Par choix ou contraint, vous désirez changer votre casquette d’entrepreneur pour celle de salarié ? Avec 4 millions de professionnels indépendants en France, ce scenario n’est pas atypique. Même si votre profil est sans conteste intéressant, il peut soulever quelques doutes et inquiétudes auprès des recruteurs.
Comment prendre ce virage délicat avec succès ? Quel discours tenir auprès des recruteurs pour valoriser au mieux votre parcours ? Voici quelques conseils de Noëmie Cicurel, Directrice Formation et Développement chez Robert Half.
1. Tirer le bilan de cette expérience
Les raisons pour lesquelles revenir au salariat sont nombreuses. En cette période d’incertitude économique liée à l’inflation, redevenir salarié peut être plus rassurant et protecteur. De même, les aspects légaux et administratifs, souvent trop complexes, peuvent parfois venir ternir voire décourager les ambitions entrepreneuriales, et plonger l’entrepreneur dans une solitude qu’il n’avait pas anticipée.
Dans un premier temps, tirez le bilan de cette aventure professionnelle, sans la considérer comme un échec. La notion d’échec varie d’une culture à l’autre, par exemple, un échec aux Etats-Unis est plutôt considéré comme un challenge. Les choses évoluent en France !
En effet, les mondes des professionnels indépendants et des salariés sont de plus en plus liés, du fait de l’évolution des envies professionnelles ces dernières années. Il n’est plus atypique de passer du statut de salarié à entrepreneur et inversement car les choix professionnels sont moins stagnants. Ces étapes de carrière d’un monde professionnel à l’autre font partie du « Future of Work », liées à la plus grande liberté qu’ont les professionnels à donner un sens à leur travail et répondre à leurs envies.
Pour tirer un bilan de votre étape entrepreneuriale et avant de vous lancer dans une recherche d’emploi salarié, posez-vous ces questions :
• Quelles ont été vos réussites majeures ? Vos plus grandes fiertés ?
• Quels obstacles avez-vous réussi à surmonter ?
• Quelles compétences clés avez-vous développé ?
• Qu’est ce qui vous a manqué dans le salariat ? • Qu’est ce qui vous a déplu dans l’entreprenariat ?
• Votre activité n’a pas fonctionné ? Vous devez comprendre pourquoi. Tout échec est une opportunité d’apprentissage.
La fin d’une expérience entrepreneuriale est également le moment idéal pour faire un bilan de compétences :
• Il vous permettra d’identifier au mieux vos compétences, vos motivations profondes, et de prendre de la hauteur sur l’ensemble de votre parcours professionnel.
• C’est un outil très utile pour réussir à bien cibler vos futures candidatures.
2- Adaptez votre candidature
Ce conseil est valable pour toutes les candidatures, mais devient capital quand on est dans une démarche de repositionnement professionnel. Il convient de mettre à jour et d’optimiser vos outils de recherche d’emploi.
• Le terme de « chef d’entreprise » ou de « directeur », bien que valorisant, englobe beaucoup de fonctions et de compétences associées quand on vise un poste en particulier. Pour être davantage explicite, listez les compétences spécifiques et les réalisations de votre expérience (exemples : « Chiffre d’affaires de 4 millions », « management de 8 vendeurs ») en rapport avec le travail pour lequel vous postulez. Listez également les compétences spécifiques tirées de cette expérience entrepreneuriale. Tout élément chiffré est une réelle valeur ajoutée car tangible aux yeux du recruteur.
• Le titre en haut du CV doit refléter le poste convoité
• Votre lettre de motivation doit apporter une explication claire et concise sur votre virage professionnel. Vous devez également y inclure quelques réussites concrètes, qui apporteront une preuve de votre capacité à briller dans le poste convoité.
A noter : vous postulez dans une petite entreprise ? Vous pouvez mettre en avant votre côté « couteau suisse » et multi-compétences. Dans une grosse structure, il est plus prudent de cibler votre candidature sur les qualités attendues sur le poste à pourvoir.
3- Valoriser votre envie de changement professionnel
Préparez-vous à donner au recruteur les raisons derrière votre volonté de redevenir salarié. Bien expliqués et argumentés, les retours à l’emploi salarié sont en général accueillis positivement par les recruteurs. Néanmoins :
• La pire erreur que vous puissiez commettre est de laisser transparaître que c’est un choix par dépit, ou que vous le vivez comme une rétrogradation. Vous devez donc être en mesure d’argumenter les motivations entourant votre décision. D’où l’importance d’avoir pris le temps de dresser un bilan personnel de ce que vous avez tiré de cette expérience.
• Assumez pleinement votre choix : vous devez faire passer le message au recruteur que ce retour à la vie salariale s’inscrit avec cohérence dans votre parcours et vos envies professionnelles.
4- Savoir rassurer le recruteur
Les recruteurs peuvent avoir certaines réticences à embaucher un ex-entrepreneur :
Sera-t-il capable de travailler en équipe ? - soulignez qu’un travail d’entrepreneur n’est jamais tout à fait un travail solitaire. Vous avez sûrement des clients, des fournisseurs, ou des associés : vous avez donc l’habitude du travail d’équipe.
Ne va-t-il pas s’ennuyer ? - c’est vrai qu’en tant que chef d’entreprise, vous avez touché un peu à tout et avez dû changer de casquette selon les missions et tâches à effectuer. Tournez-le à votre avantage : vous êtes adaptable et faites preuve de curiosité intellectuelle. Vous êtes capable d’avoir une vision globale de l’entreprise entre départements, de mesurer l’impact des décisions sur plusieurs pans de l’entreprise. Pour autant, vous savez rester à votre place quand il le faut et ne pas empiéter sur les domaines d’intervention des autres départements.
Sera-t-il à l’aise dans un rapport hiérarchique ? - vous êtes habitué à travailler avec une grande autonomie, ce qui peut effrayer le recruteur. Vous devez faire passer le message que vous ne redoutez pas d’être managé, et que vous avez un profond respect pour les règles hiérarchiques. Rassurez le recruteur sur le fait que vous saurez respecter les décisions qui ne viennent pas de vous.
Est-il prêt à s’engager pleinement dans l’entreprise ? - pour apaiser efficacement ce doute, il faut que, de votre côté, vous ayez fait le deuil de votre indépendance et de cette forme de liberté. Vous pouvez énumérer les avantages que vous voyez à ce nouveau statut en comparaison de votre ancien.
5- Choisir judicieusement les qualités à mettre en avant
Un ex-entrepreneur possède un grand nombre de compétences qui peuvent séduire les recruteurs. A vous de les mettre en avant pour balayer leurs derniers doutes :
• Devenir entrepreneur, c’est savoir prendre à bras le corps le changement, être capable d’aller de l’avant, d’accueillir de manière positive les challenges et faire preuve d’adaptabilité. Des compétences grandement recherchées par les dirigeants aujourd’hui, ce que confirme le Guide des Salaires 2023 de Robert Half :
• Capacité d’innovation et créativité : vous avez créé un projet de toutes pièces et l’avez fait vivre plus ou moins longtemps. Vous avez su réadapter votre projet/produit quand il le fallait, ce qui traduit des compétences en conduite du changement.
• Qualités de persuasion : vous avez dû convaincre des clients, des fournisseurs, des partenaires financiers, etc. et avez su écouter leurs feedbacks pour vous améliorer.
• Expertise dans un secteur d’activité particulier : vous avez une vision précieuse et globale du secteur d’activité dans lequel vous avez exercé.
• En tant qu’ancien entrepreneur, vous comprenez les interactions d’une décision et leur impact sur plusieurs départements de l’entreprise et avez une vision globale, vous savez décliner et comprendre les stratégies d’entreprise sur plusieurs niveaux.
De précieux atouts pour votre futur challenge professionnel !
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