L’Union belge de football (URBSFA) a trouvé le successeur de Marc Wilmots. C’est l’Espagnol Roberto Martinez qui aura la tâche de guider nos Diables Rouges vers le succès. L’Union belge a, assez étonnamment, publié le profil souhaité sur son site web. Parmi les critères, l’Union belge cherche - et c’est assez remarquable - un coach qui « maîtrise bien le management des générations ». Mais pourquoi l’URBSFA accorde-t-elle autant d’importance à la gestion des générations et de quoi s’agit-il exactement ?
Ecrit par Frédérique Bruggeman, Managing Director Robert Half.
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URBSFA cherche perle rare
La première étape de tout processus de recrutement réussi consiste à rédiger une bonne description de fonction. En publiant en ligne le profil souhaité du nouvel entraîneur fédéral, l’Union belge se pose en employeur transparent. Mais avec huit caractéristiques formulées dans un langage relativement vague, l’Union se contente d’une description relativement sommaire, surtout pour un poste de cette importance. Elle cherche par exemple un « communicateur ouvert et solide » qui « maîtrise son contexte social et high performance », mais elle ne détaille pas vraiment le contenu de la fonction. C’est dommage : il ne faut effectivement pas sous-estimer l’importance d’une description de fonction précise. Une présentation détaillée du contenu de la fonction pourrait éviter à l’URBSFA de faire un mauvais choix. Les candidats auraient ainsi une idée claire de leurs tâches et responsabilités potentielles. L’URBSFA perdrait donc moins de temps à refuser les candidats qui ne correspondent pas au profil. Il faut savoir que le nouveau coach devrait être à son poste pour le match amical contre l’Espagne, le 1er septembre…
Une bonne description de fonction n’est pas uniquement un outil de recrutement efficace : elle offre aussi une base solide pour évaluer l’entraîneur fédéral et, le cas échéant, rectifier le tir. Un aspect qui, selon de nombreux analystes, a fait défaut dans la collaboration avec Marc Wilmots.
La gestion des générations : la clé du succès
Autre constat marquant : l’URBSFA accorde une importance capitale au management des générations. À juste titre. Mais pourquoi la gestion des générations est-elle à ce point essentielle à une équipe ?
Quand on y regarde de plus près, on se rend compte que la population active actuelle comporte quatre générations : les « baby-boomers » (°1946-1964), la génération « X » (°1965-1977), la génération « Y » (°1978-1989) et la génération « Z » (°1990-1999). Chacune de ces générations a une vision, des capacités et un potentiel de croissance qui lui sont propres.
Pour mettre en place une équipe gagnante, l’URBSFA a besoin d’un coach fédéral faisant preuve de leadership et capable de gérer différentes générations. Comme dans de nombreuses organisations, l’équipe des Diables Rouges se compose de plusieurs générations caractérisées par des attitudes et des attentes spécifiques. Le sélectionneur doit, en outre, pouvoir faire fonctionner un groupe complet de coaches, de préparateurs physiques et d’analystes comme une équipe soudée.
La génération la plus récente, la génération Z – représentée par de jeunes joueurs tels que Thibaut Courtois, les frères Lukaku et Michy Batshuayi –, s’exprime beaucoup plus que les générations antérieures. Cette génération attend des perspectives d’évolution constantes, mais veut aussi un leader/coach passionné qui joue le rôle de mentor. Elle attend beaucoup en termes de formation et, surtout, de reconnaissance.
Les joueurs de la génération Y – notamment Vincent Kompany, Dries Mertens et Thomas Vermaelen – veulent avant tout donner un sens à leur travail. Ils apprécient la communication franche et ouverte et sont constamment en quête de nouveaux défis. Ils accordent aussi énormément d’importance à la collaboration ; un point essentiel pour l’équipe belge.
L’encadrement des Diables Rouges comprend des personnes issues des générations X et Y. La génération X est celle qui se montre la plus sceptique vis-à-vis de l’autorité. Elle aime prendre des décisions en toute indépendance et elle est continuellement à l’affût d’opportunités. Le divorce avec Lieven Maesschalck, le kiné qui a quitté les Diables Rouges en 2014 car il ne se retrouvait pas dans la vision de Marc Wilmots, illustre parfaitement cet aspect.
Les baby-boomers sont les plus fidèles. Ils ont moins tendance à changer souvent d’emploi. Ce sont également eux qui ont le plus de mal à gérer les changements soudains. Par exemple, l’entraîneur adjoint Vital Borkelmans est un enfant du baby-boom. Il a encore prouvé sa loyauté envers Marc Wilmots récemment (« Si le coach part, je pars aussi »). Cette génération possède néanmoins une expertise et des connaissances essentielles ainsi qu’un grand sens des responsabilités envers l’équipe ou l’organisation. Les baby-boomers n’hésitent donc pas à endosser un rôle de mentor ou de coach pour faciliter le travail de l’équipe.
Le nouveau sélectionneur fédéral aura donc tout intérêt à gérer les conflits au sein de l’équipe en tenant compte des générations. Un joueur de la génération Y ou X réagira, par exemple, différemment d’un joueur de la génération Z ou un baby-boomer lorsque l’entraîneur le laissera sur le banc. Les générations Y et X sont moins sensibles aux critiques et comprennent d’elles-mêmes que certaines décisions doivent être prises pour le bien de l’équipe. Face à un joueur de la génération Z ou un baby-boomer, le coach aura intérêt à expliquer immédiatement son choix dans le cadre d’un entretien individuel afin d’étouffer tout conflit potentiel dans l’œuf.
Un entraîneur fédéral qui maîtrise le management des générations tient compte des différences et parvient à les exploiter. De plus en plus de managers sont actuellement confrontés à des différences générationnelles au sein de leurs équipes. Il importe de prendre en considération la vision, la mentalité et le mode de communication de chacune de ces générations. Il est essentiel d’avoir une approche adaptée à chaque génération et d’appliquer une politique liée à l’âge. Si les Diables Rouges veulent briller à la Coupe du monde qui se tiendra en Russie dans deux ans, le nouveau sélectionneur fédéral sait ce qui lui reste à faire…