Il peut sembler étrange de célébrer la Journée mondiale du bonheur en pleine pandémie, mais à bien des égards, la crise sanitaire rend le bonheur au travail plus important que jamais – surtout dans la mesure où la frontière entre vie professionnelle et vie privée est devenue plus floue ces derniers mois à cause des confinements et de la transition au télétravail qu’ils impliquent.

Les Nations Unies ont institué la Journée internationale du bonheur pour reconnaître l’importance du bonheur et du bien-être en tant que buts universels. En effet, si nous prenions tous la question du bonheur au travail plus au sérieux – que ce travail soit effectué dans des bureaux, à la maison ou ailleurs –, le monde s’en porterait sans doute mieux.

Le mal-être au travail est une opportunité

En 2004, Daniel Kahneman, psychologue lauréat d’un prix Nobel d’économie, a publié un article présentant une nouvelle méthode pour évaluer le bonheur quotidien des individus qu’il a baptisée « méthodologie de reconstitution quotidienne ». Il a demandé à un groupe de personnes de décrire leur journée typique et de préciser la quantité de temps consacrée à chaque activité. La majeure partie des réponses correspondait à ce à quoi on pouvait s’attendre : travailler, voir du monde, manger, se détendre, regarder la télévision, effectuer les déplacements domicile-travail, pratiquer une activité physique, s’occuper des enfants, etc. Daniel Kahneman a ensuite demandé aux participants d’évaluer le plaisir que leur procurent ces activités.

Une fois de plus, les activités préférées des personnes interrogées n’ont rien de surprenant – entretenir ses relations, sortir, se détendre, manger – mais surtout, et c’est sans doute le plus important, les deux dernières activités sur la liste étaient le travail et les déplacements domicile-travail.

Les perspectives de bonheur dans ce genre de contexte paraissent plutôt sombres. Nous passons la plupart de notre temps à travailler, alors que pour des millions de personnes, c’est ce qu’il y a de moins agréable dans la vie. Dans une récente étude employeurs menée par Robert Half , 38 % des sondés affirment que leur équipe adopte une attitude positive, et 36 % qu’elle reste impliquée et productive après plus de six mois en télétravail, mais il est aussi très révélateur que les employeurs considèrent 22 % des salariés comme « peu communicatifs », 20 % comme « déprimés / n’ayant pas le moral » et 19 % comme « surchargés / au bord du burnout ». Ces résultats sont résolument mitigés. Il n’est donc pas étonnant que le suivi des charges de travail (35 %) ainsi que l’évaluation du bien-être et de la santé mentale des salariés (34 %) soient actuellement cités comme les deux principaux enjeux associés au management d’équipes « hybrides » en 2021.

Il est vraiment difficile de « compartimenter » le bonheur à la maison d’une part et le bonheur au travail d’autre part. Souvent, les personnes malheureuses à la maison le sont également au travail – un scénario susceptible d’être exacerbé par les confinements durant lesquels la « maison » devient le « travail » pour beaucoup d’entre nous.

Pourtant, s’il y a une chose que le monde de l’entreprise nous enseigne, c’est bien que chaque manque est une occasion à saisir. En effet, si nous sommes malheureux au travail, c’est aussi une formidable opportunité d’amélioration qui nous aidera à être plus heureux en général.

Pourquoi a-t-on intérêt à être heureux au travail ?

Le bonheur au travail doit être pris au sérieux. On sait que le stress professionnel peut être une cause de maladie. Les personnes heureuses dans leur travail ont moins de risques de tomber malades. Elles sont aussi plus à même d’avoir de l’énergie à investir dans leur vie personnelle.

Il existe de solides preuves indiquant que le bonheur au travail peut également nous permettre de mieux réussir, non seulement en devenant plus productif et innovant, mais aussi en étant un meilleur leader.

Un peu d’introspection

Pour être plus heureux dans son travail, il faut d’abord avoir conscience de soi et réfléchir à ce que l’on ressent. Pour commencer, posez-vous les questions suivantes :

  • Qu’est-ce qui s’est bien passé l’année dernière dans mon travail ?
  • Qu’y a-t-il de pire dans mon travail ?
  • Qu’est-ce qui me manque le plus par rapport à la situation pré-pandémie ?

La réflexion sur l’année passée est un point de départ, une « photographie » de votre situation présente. Pour une analyse plus approfondie, vous pouvez passer le test du bonheur Friday One. Il s’agit d’un test de cinq minutes qui vous fournit des résultats personnalisés sur vos principaux domaines d’amélioration.

Après avoir réfléchi à votre situation et fait le test, vous devez accepter que certaines choses soient tout simplement en dehors de votre contrôle. Par exemple, vous ne pouvez pas contrôler directement la façon dont une personne vous traite, mais ça peut être une bonne raison de chercher un nouvel emploi.

Comment être plus heureux

Voici cinq conseils pour être plus heureux dans votre travail. Un progrès dans n’importe lequel de ces domaines peut améliorer votre vie au travail et la rendre plus gratifiante.

  1. Entretenez les liens
    Il est plus facile de bien travailler quand on est heureux en compagnie des autres. Que ces relations se déroulent en présentiel ou en virtuel, les entreprises où l’ambiance permet de lier des amitiés, de rire et de sentir qu’on a sa place ont plus de chances de voir les membres de leurs équipes s’encourager, se soutenir et se comprendre. Essayez de vous faire un nouvel ami au travail. Cela pourrait vous être bénéfique à long terme.
     
  2. Soyez équitable
    Il est indispensable d’être traité avec équité et respect pour être plus heureux au travail. Les gens s’épanouissent dans les entreprises qui sont à l’écoute de leurs besoins. Saisissez les occasions d’être plus flexible dans le travail et soutenez les membres de votre équipe qui ont besoin de plus de flexibilité – surtout dans la mesure où les impacts de la pandémie continuent d’évoluer.
     
  3. Responsabilisez
    La confiance et le partage des responsabilités sont de puissants moyens pour créer des liens et se développer professionnellement. Quand on effectue un travail qui mobilise nos points forts, c’est l’occasion de révéler un immense potentiel. Saisissez les occasions qui vous permettent d’être vous-même et d’utiliser votre propre jugement pour mener les projets à bien.
     
  4. Dépassez-vous
    On est heureux au travail quand on s’y plonge totalement et qu’on progresse. Même si cela implique de se surpasser et de se confronter à de nouveaux défis, c’est le genre de pratique qui préserve notre intérêt pour notre travail. Quand on a la possibilité de se lancer des défis et de se mesurer les uns aux autres, on peut réaliser de grandes choses.
     
  5. Soyez inspiré
    L’une des dimensions les plus importantes de la vie professionnelle est sans doute l’impression de faire partie de quelque chose de plus grand que soi. Êtes-vous fier de ce que vous faites ? La raison d’être de notre travail peut nous aider à traverser les périodes difficiles. Vous valez mieux qu’un objectif financier à court terme.

Beaucoup de gens pensent que le travail est un moyen d’accumuler l’argent dont on a besoin pour être heureux plus tard, qu’il faut travailler dur maintenant pour son bonheur futur, mais réfléchissez-y : est-ce vraiment une façon de vivre ? C’est le bonheur au travail qui peut mener au succès, et non pas l’inverse.

 

Notes : Nic Marks est le PDG et fondateur de Friday Pulse.

Robert Half a commandé une enquête réalisée auprès de 1 500 dirigeants à l’aide d’une méthodologie de collecte de données en ligne au cours du mois de novembre 2020. Celle-ci incluait à chaque fois 300 entretiens en Belgique, au Brésil, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni. Des directeurs généraux, des directeurs financiers et des directeurs informatiques en charge du recrutement au sein de petites (50 à 249 salariés), moyennes (250 à 499 salariés) et grandes entreprises (plus de 500 salariés) publiques, privées et cotées en bourse figurent au nombre des personnes interrogées. Plusieurs réponses étaient autorisées pour la question suivante : « Après plus de 6 mois en télétravail, quelles sont les trois caractéristiques les plus évidentes au sein de votre équipe ? ». Ici, le concept de « travail hybride » correspond à n’importe quelle combinaison entre travail à distance et en présentiel au bureau.